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Crise viticole : vers une refondation stratégique du modèle coopératif

Affaires - Affaires, Sociétés
Fiscalité - Fiscalité
24/04/2025

La crise viticole actuelle, marquée par une augmentation préoccupante des cessations de paiement et une fragilisation des trésoreries, met en lumière la nécessité de repenser en profondeur le modèle coopératif viticole. Si les réponses judiciaires sont parfois indispensables, elles doivent s’inscrire dans une stratégie juridique préventive et durable, à la hauteur des enjeux économiques et sociaux du secteur.

La sauvegarde judiciaire : un outil encadré

Souvent perçue comme une planche de salut, la procédure de sauvegarde judiciaire ne peut être envisagée sans une analyse rigoureuse de la situation économique : équilibre entre le passif exigible et l’actif disponible, anticipation des difficultés, préparation soignée du dossier. Un accompagnement par un avocat spécialisé est ici essentiel, notamment pour sécuriser les démarches de déclaration de cessation de paiement ou de demande d’ouverture de procédure.

Cependant, la judiciarisation ne résout pas les fragilités de long terme. La structure du haut de bilan des coopératives viticoles reste trop dépendante du financement bancaire classique et souffre d’un manque d’innovation patrimoniale.

Des outils financiers à redécouvrir

La modernisation du financement coopératif passe par la mobilisation de mécanismes encore sous-utilisés. Les titres participatifs ou les parts à droits renforcés peuvent attirer des capitaux patients, tout en maintenant l’autonomie des coopératives. De même, la fiducie de gestion agricole permettrait de sécuriser et d’affecter certaines ressources à des projets d’investissement ou de solidarité.

La filialisation stratégique, notamment dans les domaines de l’innovation, de la logistique ou de la commercialisation, offre également des leviers pour mutualiser les risques et attirer des compétences externes.

Repenser la gouvernance et les statuts

La crise actuelle révèle aussi les limites des statuts coopératifs traditionnels. L’objet social est parfois trop restrictif, freinant l’émergence de projets innovants. Les engagements des adhérents manquent de valorisation et de sécurité. Une refonte s’impose, intégrant des notions telles que l’intérêt général agricole, la durabilité, ou la transmission intergénérationnelle.

Vers une coopération territoriale renforcée

L’avenir du modèle coopératif pourrait également passer par la création de pactes inter-structures, au service de projets communs : résilience climatique, sobriété énergétique, développement de circuits courts ou valorisation de friches agricoles.

Le droit coopératif offre déjà des outils adaptés (groupements, conventions inter-coopératives, sociétés mixtes), encore faut-il les activer.

Cette refondation juridique du modèle coopératif viticole est plus qu’un ajustement : c’est une nécessité stratégique pour garantir la pérennité économique et sociale du secteur.